Le processus de projet et l’acte de construire ne sont pas neutres. Ils impliquent tous les acteurs, dans un processus de décisions, de choix, d’orientations… qui ont des implications sur le Territoire, quelque soit le niveau et l’échelle du projet ou de la réalisation.
À ce titre, l’architecture ne peut se résumer à un “objet” architectural se suffisant à lui‐même, à sa fonction, à sa forme. Elle ne peut se réduire à une simple réponse technique d'une demande particulière. Elle doit être le fruit d’une réflexion sur les intentions et les objectifs du programme, d’une analyse et d’une synthèse des moyens mis à disposition. Elle doit également résulter d’une observation critique et d’une attention à la géographie et à l’histoire du site, d’une analyse fine et d’une réflexion approfondie sur les relations que le bâtiment doit entretenir avec son environnement, proche ou lointain…
Enfin, l’architecture est l’accomplissement d’une posture de projet et d’une position argumentée, aboutissant à la “mise en forme”, à l’organisation et à la composition spatiale et fonctionnelle, au choix des matériaux, des textures, des couleurs, des qualités spatiales et volumétriques…
La réalisation des reportages photographiques pour le Réseau “Villes & Pays d’Art & d’Histoire” (DAPA) à travers 5 régions et plus de 30 Villes et Pays, du Nord au Sud de la France, a conforté mon intérêt pour la Ville et pour les paysages ruraux. Elle a enrichi ma vision sur le patrimoine architectural, urbain et paysager de nos régions.
Depuis plus de 30 ans, le côtoiement des paysagistes m’a très vite appris à élargir mon champ de vision. Ils m’ont initié à la lecture du paysage et m’ont permis d’aborder avec eux de nouvelles échelles d’approche et d’analyse de l’espace, des problématiques d’enjeux et de stratégies spécifiques au domaine de la Ville, du Territoire et du Paysage.
Oublier ou mépriser l’approche sensible, poétique de la Ville, c’est “passer à coté” de sa réalité concrète, de ses entrailles et de ses “tripes”, de ses odeurs et de ses bruits, de ses lumières et de ses ombres, de ses habitants qui la parcourent, la traversent, la vivent…
Il en est de même pour les territoires ruraux, où la capacité à ressentir la matérialité de ses composants est essentielle: regarder le relief, deviner la géologie, repérer les traces de l’homme sur le paysage façonné, écouter et discerner les bruits, reconnaître les espèces végétales, ressentir la multiplicités des odeurs, du sol, des végétaux, du monde vivant…